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En route vers L'Autre Monde 3

Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.

Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.

Pour lire la première partie, c’est ici.

Pour lire la seconde partie, c’est ici.

 

Le brouillard noya le bateau quelques instants après qu’il eut franchi la porte. À la grande surprise de Laélia, il était moins intense qu’il n’en avait l’air et elle voyait encore la totalité de l’embarcation ainsi que les gestes lents effectués par Hadriel à l’avant.

Elle se demanda ce qu’ils signifiaient. La danse étrange de ce corps marqué de blanc accentuait son malaise, mais force était de constater que, maintenant qu’ils étaient passés, Laélia ressentait plus de curiosité que de crainte. La mer n’était-elle pas la même, portant les intrus sur son lit mouvant ? Le goût du sel identique sur le bout de sa langue ? Le froid tout aussi mordant sur la peau nue de ses bras ?

Elle était aussi soulagée de ne plus être observée et, même si elle conservait l’immobilité de rigueur, elle sentait son corps plus détendu.
Une brève secousse la fit basculer vers l’avant alors que la barque raclait le fond. Hadriel sauta dans l’eau et attrapa une corde. Avec une force surprenante, il tira le bateau pour l’aider à s’échouer sur les galets noirs de la plage.
Ayden sortit à son tour et souleva Laélia pour la porter au sec. Alors que les rameurs déposaient leurs rames, la jeune femme regarda autour d’elle. Elle ne voyait pas très loin à cause du brouillard, mais assez pour constater que la plage sur laquelle ils se trouvaient était minuscule, entourée de tous côtés par de hautes herbes et des roseaux qui cachaient à n’en pas douter un marais. Le silence de la navigation avait été remplacé par le chant des grenouilles. Mille tonalités se croisaient dans l’air, absorbant les murmures incessants de Hadriel.
Comme il n’y avait rien à voir, Laélia reporta son attention sur le bateau. Les rameurs déchargeaient les cadeaux offerts au roi et les déposaient sur une sorte de long traineau de bois. Chacun des hommes était chauve, comme il se doit pour un wán. Et chacun possédait une particularité physique repoussante. Un membre plus court ou manquant, un oeil blanc, un dos bossu, un doigt de trop. Pour seule communication, ils échangeaient des regards. Parfois quelques signes. Laélia était prévenue : seul Hadriel avait droit à la parole sur l’île.
Le traîneau plein, plusieurs wán saisirent les cordes et se placèrent à l’avant prêt à le tirer. Quatre autres soulevèrent le corps embaumé du roi et le placèrent sur leurs épaules. Comme il avait été décidé, Hadriel ouvrit la marche suivie par les porteurs du cadavre auxquels le couple royal emboîta le pas.
Dans un mélange d’appréhension et d’intérêt, Laélia plongea à l’intérieur du marais.
Les roseaux lui caressèrent les bras alors qu’elle prenait garde à caler ses pieds dans les pas des wán. La boue recouvrait le sol et elle s’y enfonçait par moment. Elle sentait alors le souffle d’Ayden dans son cou et s’efforçait de ne pas ralentir. Elle n’osait imaginait ce qui se produirait si elle se perdait. Sans doute disparaîtrait-elle dans un trou des sables mouvants dont on lui avait parlé.
Un instant ses souvenirs la ramenèrent en arrière et les images des ombres qu’elle avait aperçues à cinq ans se superposèrent aux herbes hautes du marais. Jamais plus elle n’avait revécu une telle expérience, mais, aujourd’hui, sur l’île de l’Autre Monde, elle sentait la présence d’une réalité parallèle.
« N’y pense pas !  » s’ordonna-t-elle.

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