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En route pour l'Autre Monde

Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.

Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.

Pour lire la première partie, c’est ici.

À nouveau Laélia frissonna. Les blocs de rochers étaient aussi hauts qu’un homme debout. Ils ressemblaient à n’importe quels récifs et dégageaient pourtant une aura particulière. La jeune femme percevait nettement l’avertissement qu’ils lançaient : celui qui pénétrait en ces lieux le faisait à ses risques et périls. Laélia comprit alors pourquoi les vivants faisaient en général leurs adieux aux défunts avant qu’ils ne soient pris en charge par les wán. Les plus téméraires s’arrêtaient ici. 

« Tu n’as pas le choix, tu es reine », souffla une voix dans son esprit.

Quelque chose se vrilla dans son coeur. Et, pour la première fois, Laélia se sentit prisonnière de ce statut qui la rendait si fière. 

– Venir avec moi, c’est affirmer ta place en tant que reine, avait expliqué Ayden quelques jours plus tôt.

Laélia avait acquiescé en silence. 

Un regard autour d’elle confirma à la jeune femme que la flotte avait stoppé. Sur la dizaine de bateaux qui entouraient celui où elle se tenait, on dressa les drapeaux royaux : un schéma doré représentant les îles de Varsën sur un fond bleu. 

Puis, un premier bateau s’approcha. Sa coque frappa celle du couple royal dans un claquement sourd. Un homme se leva que Laélia reconnut pour être le gouverneur de la province de Glenah. Elle inclina la tête pour répondre à son salut. Des serviteurs transférèrent les offrandes qu’il apportait dans le bateau royal et les déposèrent au pied de la dépouille embaumée.

Un dernier salut et le bateau du gouverneur s’éloigna, aussitôt remplacé par un autre. Quand tous eurent rendu un dernier hommage au roi décédé, l’embarcation était si chargée que l’eau menaçait de la remplir à chaque fois qu’une vague plus forte que les autres frappait la coque. 

La mer était vide désormais et, les accompagnants s’en étant retournés. Malgré la présence de son mari et des quelques rameurs, Laélia se sentait abandonnée, impuissante et vulnérable comme jamais. Une envie furieuse de fuir s’empara d’elle et elle ne put empêcher un rictus de déformer son visage. 

Hadriel tourna la tête vers Ayden qui lui fit signe. Le wán alluma une à une les six lanternes représentatives des six provinces de Varsën. Puis, il retourna à l’avant du bateau et commença à psalmodier des paroles incompréhensibles. 

« Un signe pour l’Autre Monde », pensa Laélia. 

Elle se força à ouvrir les doigts qu’elle avait crispés au creux de sa paume et à garder la tête haute tandis que les rameurs sur un ordre silencieux replongeaient les rames dans les vagues et que le bateau franchissait la porte gardée par les sentinelles noires.

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