Raya - Nuit mouvementée 4
Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.
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Alors même que l’étalon se débattait toujours, Raya s’approcha, posa Ry en équilibre sur son épaule et souleva à deux mains le lourd loquet qui retenait la porte du box. Les sabots du cheval griffèrent son sarouel alors qu’elle se retrouvait sous sa tête.
« Fais-moi confiance, chantonna-t-elle dans son esprit. Juste une fois. »
Le souffle de l’étalon rencontra celui de l’enfant alors qu’il baissait ses naseaux frémissants vers son visage. Un instant, elle crut qu’il allait se laisser submerger par la colère qui l’habitait depuis toujours et l’écraser de sa puissance. Et puis, soudain, elle sentit qu’il s’apaisait. Qu’il comprenait ce dialogue silencieux entre eux et lui laissait une chance. Raya leva la main vers le chanfrein ruisselant de sueur et de sang. Elle ne le caressa pas. Elle le laissa incliner la tête jusqu’à ce qu’elle soit assez basse pour lui permettre de défaire une à une les boucles du licol. Au fur et à mesure qu’elle agissait, le calme se faisait un peu plus dans l’esprit de l’étalon. La fillette le sentait grandir tout comme elle était consciente du volcan qui couvait à l’intérieur. Elle avait peu de temps. Elle eut un peu de mal à retirer les cordes. Certaines étaient incrustées dans la peau de la bête. Elle le sentit tressaillir sous ses efforts maladroits. Enfin, elle ôta la dernière.
« Attends ! ordonna l’enfant tandis qu’elle le sentait prêt à s’élancer. Tu dois me suivre. »
Elle recula sans le quitter des yeux et le mena tout au fond de l’écurie. Il y avait là une porte de service fermée de l’intérieur par une barre de bois. L’enfant eut un peu de mal à ouvrir, mais ses efforts payèrent. L’étalon était si grand qu’il passait tout juste dans l’encadrement. Un coup de tonnerre les accueillit alors qu’ils débouchaient derrière le bâtiment. Des tas de fumiers s’élevaient là, attendant d’être évacués. Un sentier étroit serpentait entre divers abris de bois.
Raya tendit la main.
– Là-bas, dit-elle, le mur d’enceinte du palais s’est éboulé à un endroit. Grand comme tu es, tu devrais pouvoir sauter.
Les sabots de l’étalon claquèrent sur les dalles alors qu’il faisait quelques pas en avant. Il tourna la tête vers Raya et l’observa un court instant. Puis, il la dépassa et s’élança. Elle le vit s’envoler par-dessus le mur, éclair noir illuminé par la lumière blanche qui explosait dans le ciel. Son cri de victoire se noya dans le grognement sourd de l’orage.
Des voix éclatèrent dans l’écurie. La queue de Ry entre les doigts, un éclat de rire dans le coeur, Raya se sauva.
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