Cet article fait parti d’un ensemble d’articles en lien avec mon roman Si j’avais su.
Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.
Extrait du journal de Juliette
Les hospitalisations on connaît. Chaque année, on y a droit au moins une fois, le plus souvent entre novembre et mars. Alors, dès qu’il y a départ aux urgences ou prescription d’hospitalisation, on prévoit le kit de survie sans lequel les journées peuvent très vite se transformer en un enfer (déjà que même avec c’est pas gagné…).
Pour la fée
- le doudou (en double ou en triple, on ne sait jamais). Oh combien indispensable pour essuyer les larmes, servir de projectile en cas de colère, inventer des histoires débiles et aider à s’endormir.
- un pyjama. Et une tenue de rechange. Il n’est pas besoin de bien plus pour rester assise sur un lit toute la journée dans une petite pièce surchauffée.
- le biberon (parce que celui de l’hôpital, ce n’est pas le même et que si on peut éviter une crise de bon matin, on est preneur.
- l’iPad. Élément fondamental. Parce qu’il sauve des heures entières (pas toute la journée, il ne faut pas abuser, ma fée est une vraie SMS et se lasse de TOUT à la vitesse de l’éclair… mais quand même).
- le téléphone de maman (parce que les photos, même si elles sont sur l’iPad, ne rendent pas pareil aux yeux de la petite fée que sur le téléphone). Et puis tout simplement parce que le changement d’appareil toutes les 2 minutes, c’est trop cool et primordial à l’équilibre mental.
- des kms de câbles (au moins un par appareil parce qu’il faut surtout veiller à ce que rien ne se décharge si on veut éviter la catastrophe) et si possible une multiprise pour que la longueur du câble permette d’aller du mur jusqu’au lit.
- des livres que la fée ne regardera pas mais au moins j’aurais l’illusion d’une conscience tranquille (mon côté maman parfaite qui ne laisse pas ses enfants la journée entière devant un écran n’est pas encore tout à fait anéanti).
Pour la maman
- des vêtements adaptés. À savoir, un jean, un débardeur et un gilet. Parce qu’avec le jean on peut tout faire : dormir, se tenir n’importe comment sur la chaise inconfortable posée à côté du lit, être présentable et à l’aise à la fois. Un débardeur parce qu’en vérité, il fait toujours chaud en pédiatrie même par -15 dehors, et que j’ai déjà fait l’erreur cruciale une fois d’arriver en manches longues… Un gilet parce qu’on peut être emmené à se promener dans des couloirs plus frais. À cela peut s’ajouter un pyjama mais il n’est pas certain qu’on ait même le loisir de l’utiliser, donc il n’est pas indispensable.
Ah oui, et puis ne pas oublier une paire de chaussette et une culotte de rechange. C’est quand même bon pour le moral de pouvoir changer au moins ça le matin.
- une brosse à cheveux parce qu’après une nuit coupée par les soins, les dérèglements des machines de surveillance et les réveils et hurlements de la petite fée, j’ai tendance à ressembler à un épouvantail et je ne voudrais surtout pas faire peur au pédiatre de garde…
- de quoi écrire. Ce n’est pas tant que la possibilité se présentera vraiment mais j’ai toujours l’espoir que les heures servent à quelque chose ou qu’une petite sieste impromptue de la fée permette la folie de coucher une ou deux phrases sur le papier.
- une tablette de chocolat ou un petit pot de mélange oléagineux à dissimuler soigneusement et à grignoter en catimini parce que c’est interdit de manger dans la chambre mais que quand même ça aide à tenir le coup dans les moments difficiles (Et plus ta petite fée grandit plus je prie pour qu’elle ne me trahisse pas à l’aide de ces seulement quelques mots de vocabulaire… « miam miam maman » a-t-elle laissé échappé tout à l’heure… je lui ai échangé un carreau de chocolat contre son silence.).
- une bouteille d’eau. La petite fée a le droit à un verre mais pas la maman, et la chaleur et les émotions fortes ça dessèche la gorge.
- un téléphone (celui du kit de survie de la fée) que je n’ai le droit de toucher que quand j’arrive à négocier assez bien pour que la petite fée veuille bien me laisser envoyer un texto « aller ma puce, je te promets, on compte jusqu’à 10 et je te le rends…” j’ai intérêt à être concise, claire et rapide dans mon texte, ce qui finalement est un bon exercice). Et puis j’avoue, le téléphone me sauve parfois (de l’ennui quand une amie ou une mamie pense à moi et/ou des chansons enfantines écoutées en boucle par la petite fée sur ledit téléphone).
- de la patience autant que je peux en emmagasiner pour affronter le défilé au ralenti des minutes.
- de la résistance pour parer à l’inconfort, au confinement, aux hurlements du bébé qui partage la chambre de la petite fée, à la quasi absence de sommeil ainsi qu’au saut des repas (la petite fée hurle si j’essaie de quitter la chambre pour partir en quête de ravitaillement et de toute façon entre la tête des snacks proposés et leur prix, je préfère en général quelques jours de jeûne… il paraît d’ailleurs que c’est bon pour la santé).
- des sourires et des mots gentils autant pour encourager la petite fée que parce que le personnel est super génial et que c’est bien de le leur dire.
- plein d’imagination (plus un brin de folie) pour occuper la petite fée obligée de se tenir tranquille dans son lit et branchée à tout un lot d’électrodes.
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