À la suite des māj
Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.
Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.
Les māj sont les gardiens du savoir du monde de Varsën.
Ils ont des livres en pagaille, mais également une excellente mémoire pour retenir chacun des faits historiques de leur histoire… même s’ils ne se privent pas d’embellir un peu les points qui les concernent.
Les māj sont des hommes ou des femmes. Contrairement au reste de la population, ils jouissent d’une parfaite égalité des sexes.
Privés des pouvoirs magiques qui faisait leur fierté, ils jouent de la peur qu’ils inspirent et l’entretiennent méticuleusement. Dès qu’ils le peuvent, ils rappellent qu’ils sont les gardiens des lois, tout en ne leur étant pas soumis.
La plus grande mission des māj à l’époque où débute Aynor T1- Trahisons, est la chasse aux lëf : ils les traquent, les arrachent à leur famille et les jettent dans la terrible forêt d’Aynor.
Voici un extrait de mon roman dans lequel Laélia (l’héroïne) rencontre une māj liée à un épisode clé de son adolescence.
Laélia avait espéré que Lullaby ait profité de son besoin de se changer pour quitter la maison. Elle aurait pu le faire. Un regard vers le sablier rouge suspendu à droite de la porte d’entrée apprit à la reine que le temps réglementaire durant lequel la maîtresse de maison était tenue de garder un invité était écoulé. La māj démontrait ainsi une certaine impolitesse en restant assise à la table.
« Les māj ne sont pas soumis aux règles de Varsën », se souvint brusquement Laélia avec une pointe d’agacement mêlé de crainte.
Elle inspira profondément, releva le menton et avança dans la pièce. La jeune femme capta la surprise dans le regard de Lullaby lorsqu’elle posa les yeux sur sa robe, associée à un éclair d’anxiété qui fit jubiler intérieurement la reine. À l’extérieur, elle conserva le sourire de façade qu’elle avait appris à afficher depuis qu’elle était reine. Laélia préféra ne pas regarder Ylaïs. Sa mère désapprouvait forcément qu’elle ait rejeté la robe verte pour enfiler la vaporeuse tenue blanche du jour de fête de ses douze ans. À l’époque, le vêtement était un peu trop grand pour elle. Aujourd’hui, il tombait parfaitement. Laélia s’était admirée dans le miroir avant de sortir. Non seulement elle se sentait plus confortable que dans n’importe laquelle des robes qu’elle portait au quotidien, mais elle trouvait que celle-ci mettait en valeur sa poitrine ronde. Le col descendait juste au-dessus de ses seins en un v discret brodé de fil d’or. Une ceinture légère entourait sa taille fine et se terminait par un nœud souple dans le dos. Laélia adorait la sensation douce du tissu qui glissait sur ses membres en une caresse tendre et bougeait au rythme de ses pas, comme une seconde peau.
Elle s’assit, consciente d’avoir repris le contrôle. Lullaby ne pouvait que se souvenir de cette tenue, de la jeune fille brûlante d’impatience et de ce qui s’était produit ensuite. Le sourire de la reine s’élargit alors qu’elle posait les yeux sur la tasse de thé servi par l’une des servantes qui valsaient dans la pièce. Une odeur de viande grillée flottait en provenance des cuisines desquelles montait le bruit de conversations animées. Laélia ne doutait pas que sa mère ait fait préparer un véritable festin pour fêter cette visite si rare. Elle tendit la main, attrapa la tasse et porta à ses lèvres le liquide brûlant. La boisson lui fit du bien.
– Raya n’est pas avec toi ?
La phrase, prononcée à mi-voix, associée au regard perçant de la māj surprit Laélia qui manqua s’étrangler avec la gorgée de thé. Elle réussit in extremis à avaler le liquide bouillant avec, elle l’espérait, assez de maîtrise pour ne pas laisser paraître son trouble. Elle ne s’attendait pas à une telle attaque. Il était de coutume d’aborder des sujets sans importance en premier lieu. Elle fut soudain certaine que Lullaby ne posait pas la question au hasard.
« Est-ce qu’elle saurait quelque chose ? »
Laélia ravala sa panique. Il en allait de la vie de sa fille. Elle se força à sourire en adoptant un air détaché, reposa sa tasse et regarda la māj droit dans ses petits yeux noirs.
– Raya n’aime pas quitter le palais, expliqua-t-elle. Elle est surprenante d’intelligence pour son âge et apprécie tellement de passer du temps à écouter son père parler des affaires du royaume…
C’était la stricte réalité et Laélia en était heureuse. Elle avait toujours été incapable de mentir. La seule façon pour elle de le faire était de ne pas aborder les sujets délicats.
« Pourtant, tu mens constamment depuis des années, » murmura son esprit.
C’était vrai. Elle dissimulait sa détresse, ses incompréhensions, ses aspirations personnelles profondes et surtout surtout le secret de Raya.
« Elle ne peut pas lire en toi, » se rassura-t-elle alors que le regard de son interlocutrice semblait fouiller jusqu’à son âme.
La māj parut sur le point de dire quelque chose, mais fut coupée par Ylaïs, assise au bout de la table.
– Il valait mieux pour elle ne pas venir aujourd’hui. Elle aurait voulu voir son grand-père et…
Le visage grave de sa mère rappela brusquement à Laélia la raison première de sa visite d’aujourd’hui.
– Oui, approuva Lullaby. Elle est encore très jeune, vous vous devez de la protéger.
Loin de rassurer Laélia, les paroles démultiplièrent les nœuds dans son estomac. Se pouvait-il que les māj aient découvert ce que Laélia et Ayden leur cachaient depuis cinq ans ? La jeune femme se promit de ne pas s’attarder. Il fallait qu’elle parle à son mari et vite. Au besoin ils mettraient en place la solution de dernier recours dont ils avaient discuté deux ans auparavant.
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