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En route pour l'Autre Monde 4

 Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.

Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.

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Le groupe émergea du marais après ce qui sembla une éternité à Laélia. Elle était épuisée et la sueur lui glaçait les bras. Sa robe trop longue était imbibée de terre et d’eau. Des mèches de cheveux en désordre lui griffaient le visage. Elle savait qu’elle avait perdu toute sa prestance et elle était une fois encore soulagée de ne pas apparaître ainsi en public.

Hadriel engagea le petit groupe plus en avant dans l’île. Le terrain était plat et désormais sec. Des bouquets d’herbes jaunes, vertes et rouges créaient un damier de couleurs étonnantes qui brisait la monotonie de la brume. Le chant des grenouilles s’atténua au fur et à mesure qu’ils avançaient. De chaque côté de la procession s’élevaient de façon irrégulière des monticules de pierres. Certains étaient d’une simplicité grise. D’autres, décorés de motifs peints. Au coeur des plus riches tombes brillaient des pierres précieuses.
« Combien de portes ouvertes vers l’autre monde ? » se demanda Laélia.
On disait que les morts créaient ici des portails magiques qu’à force de persévérance, ils parvenaient à ouvrir. S’ils n’avaient plus leur place dans le monde des vivants, ils s’échappaient ainsi vers d’autres terres. L’idée plaisait à Laélia depuis toujours. Mais, aujourd’hui, dans le silence humide de cette île enfoncée dans la brume, elle aurait préféré croire que la mort était une simple fin. Elle n’avait aucune envie de finir aspirée par l’un des fantômes qui rodait sur cette terre et espérait qu’Hadriel ne commettrait aucune erreur dans le rituel.

Au grand soulagement de la jeune femme, le groupe s’arrêta bientôt. L’endroit ne se distinguait en rien d’un autre et Laélia se dit que seules les forces invisibles l’avaient indiqué à Hadriel. Les porteurs déposèrent le corps du roi et creusèrent une fosse peu profonde avant de l’y déposer. Le froid était si intense désormais que Laélia eut du mal à se remettre en mouvement lorsqu’Hadriel adressa un regard au couple royal. Elle connaissait pourtant la suite.

Ayden prit sur le traîneau la pierre qu’il avait spécialement fait sculpter pour l’occasion à l’effigie du drapeau de Varsën. Laélia saisit celle qu’elle avait fait faire : un magnifique cheval y était gravé, car le roi décédé aimait ces animaux par-dessus tout. Ensemble, le couple royal s’abaissa pour déposer les deux premières pierres sur le drap de soie qui recouvrait le corps. Puis, ils s’écartèrent et les wán déposèrent les présents des gouverneurs des provinces et autres personnages importants. Ils recouvrirent ensuite le tout par une multitude de grosses pierres entremêlées de diamants et autres métaux précieux.

Lorsque la valse des wán cessa et que les hommes se furent retirés, ne laissant qu’Ayden et Laélia, Hadriel récita une longue litanie destinée à aider le roi à trouver son chemin vers d’autres terres.

Un sentiment étrange s’empara alors du coeur de Laélia. Les paroles sonnaient creux. Le silence était trop puissant. La jeune femme réalisa brusquement, sans vraiment comprendre pourquoi elle en était persuadée, qu’il n’y avait aucune magie chez le wán. Et elle ne sut si cette vérité la rassurait ou la terrifiait.

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