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Laélia : traumatisme à 5 ans - partie 3

Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.

Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.

Pour lire la première partie de l’histoire, rendez-vous ici.

Pour lire la seconde partie de l’histoire, rendez-vous ici.

La lumière du soleil avait cédé la place à un ensemble bien plus sombre. Une multitude d’ombres s’agitaient autour de la petite fille. Elles n’avaient plus rien d’humain. C’étaient des formes indistinctes aux contours flous, certaines étirées, d’autres recroquevillées sur elles-mêmes, d’autres, encore munies d’une multitude de bras crochus qui flottaient, au-dessus d’un sol brun.

Laélia s’accroupit pour moins s’exposer. Elle demeura un long moment immobile à observer la danse des ombres. La plupart se composaient d’un ensemble de brumes dans une déclinaison de noirs plus ou moins profonds. Mais, à force de les transpercer du regard, Laélia distingua d’autres couleurs, dissimulées sous cette première couche. Des rouges et or, des éclats verts, des violets, parfois des arcs-en-ciel, de petites spirales ou même des dessins complexes emmêlés les uns aux autres. 

Peu à peu, Laélia retrouva une respiration normale. Les ombres ne faisaient pas attention à elle. Elles bougeaient, la frôlaient parfois, mais elles n’avaient pas d’yeux. Et ce détail rassurait la fillette sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi. Elle osa déplier lentement ses membres et se relever. Puis faire un pas, suivi d’un autre. L’orchidée avait disparu et elle n’avait aucune idée de la direction à prendre ni même si elle pouvait ou devait aller quelque part. Les bâtiments de la ville s’étaient effacés comme si elle se trouvait dans un autre monde. Un univers silencieux. Sans contours, sans odeur, presque sans consistance.

Faute de savoir quoi faire, Laélia avança de quelques pas vers une ombre immobile. Elle ressentait une nouvelle fois le besoin de toucher, comme pour vérifier qu’il existait une réalité tangible. Sa main pénétra dans le corps tordu de l’être. Elle la retira dans un hurlement, happé aussitôt par le silence. La douleur la projeta à terre et la secoua de spasmes pendant de longues minutes. Lorsque la souffrance se calma, elle observa sa main, peu certaine de la découvrir encore entière. Elle n’y trouva pourtant aucune trace de blessure. Des larmes s’échappèrent des paupières de la fillette. Elle rampa entre les ombres, veillant à n’en toucher aucune, sursautant lorsqu’un flot de ténèbres s’approchait un peu trop. Mais il n’y avait nulle part où se réfugier. Ce n’était qu’un immense champ plat sur lequel se promenaient des êtres dénués d’expression.

Faute de mieux, Laélia s’assit, remonta ses genoux sous son menton et les enroula de ses bras. Elle demeura ainsi un long moment, incapable de savoir quoi faire pour sortir de ce monde menaçant. De longs frissons secouaient son dos à intervalles irréguliers. Le silence s’insinuait dans chacun de ses pores jusqu’à l’étouffer. La douleur avait été brève, mais si intense que la petite fille posa sa joue sur ses genoux et sombra peu à peu dans un état de semi-sommeil. 

Un long hurlement la réveilla en sursaut. 

 

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