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Laélia : traumatisme à 5 ans - partie 4

Cet article fait parti d’une série d’articles en lien avec mon nouveau roman Aynor.

Le roman est disponible en versions numérique et brochée sur Amazon.

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Laélia jeta des regards affolés autour d’elle. Les ombres poursuivaient leur va-et-vient sans que rien ne paraisse capable de les troubler. Un instant, la petite fille pensa qu’elle avait rêvé. Mais la peur enflait peu à peu dans son coeur, de plus en plus incontrôlable. Elle avait conscience d’un danger bien réel sans arriver à l’identifier. 

– Ry… murmura-t-elle en serrant les mains contre son coeur, à l’endroit où aurait dû se trouver son doudou dragon. 

Elle regrettait plus que jamais de l’avoir oublié. Sans lui, elle était perdue. Elle se redressa, prenant garde à éviter les ombres. Il fallait qu’elle se sauve. Loin. À nouveau, elle tourna la tête dans tous les sens pour tenter de se repérer. Tendue, elle guettait le moindre bruit. Mais il n’y avait que le silence et l’immensité mouvante. Alors qu’elle hésitait, incapable de savoir quelle direction prendre, des dizaines d’yeux rouges s’allumèrent dans le tourbillon de ténèbres. Laélia hurla. Le noir aspira son cri. Les pupilles brûlantes fixaient la fillette. Un rire moqueur explosa dans le silence. Les yeux glissèrent autour du corps de l’enfant, l’emprisonnant dans une étreinte implacable. La petite fille eut la brève sensation de suffoquer alors qu’elle plongeait dans un gouffre de douleur, de cris, de terreur. Puis, aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, les yeux s’éloignèrent pour foncer vers ceux qui dansaient autour d’eux.

– Attention ! s’écria Laélia.

Trop tard. La vague furieuse frappa une première ombre, la transperça sans difficulté et en envahit chaque recoin. Les couleurs pâles de l’ombre clignotèrent et s’éteignirent une à une. Quelques instants plus tard, la dernière étincelle de lumière se noya entre les crocs rouges. Le tourbillon de ténèbres au regard de sang ne s’arrêta pas là. Sous le regard impuissant et horrifié de Laélia, il se jeta à nouveau à l’assaut et dévora une seconde ombre, puis une autre encore. Insatiable, il poursuivit le carnage.

– Non, non, non, se répétait l’enfant.

Elle avait profondément conscience que des vies étaient en jeu et sentait qu’elle n’échapperait pas elle-même. Il fallait qu’elle fasse quelque chose ! Elle quitta des yeux le serpent rouge et tourna sur elle-même.

« Aide-moi ! »  pensa-t-elle sans savoir vraiment à qui elle s’adressait.

Peut-être à cet Alfëmāj qu’on disait si puissant magicien, mais dont on craignait d’évoquer le nom. Elle n’avait rien à perdre à le faire maintenant, bloquée dans cet univers de ténèbres, à la merci d’une magie plus noire que tout ce qu’elle aurait pu imaginer.

Brusquement, un éclat argenté attira le regard de l’enfant. La lumière, assez éloignée, se démarquait des ténèbres. Une sensation étrange étreignit le coeur de Laélia. Un mélange d’excitation, de crainte, d’émerveillement. Sans qu’elle ait conscience de le décider, elle se mit à avancer dans cette direction. La lumière avançait vers elle, elle aussi et Laélia reconnut bientôt une orchidée. D’instinct, elle sut que ce n’était pas celle qu’elle avait suivie. Elle lui ressemblait pourtant. Alors qu’elle approchait, Laélia s’aperçut que l’orchidée était enfermée dans une forme humaine qui se précisait au fur et à mesure que l’espace se rétrécissait entre elles. Le contour d’un visage apparut, deux pupilles turquoise happèrent le regard de Laélia. Elles n’étaient plus qu’à trois pas de distance lorsque le tourbillon d’yeux rouges se retourna brusquement vers elles. Avec un nouvel éclat de rire moqueur, il les happa toutes les deux.

– Vous m’appartenez ! entendit Laélia alors que son cœur se figeait dans un étau de douleur telle qu’elle n’en avait jamais connu de pareille.

Personne n’entendit le hurlement interne de l’enfant. Mais, soudain, la petite fille vit un fil doré s’échapper de sa poitrine et se dérouler en direction de l’orchidée. La même chose se produisit depuis le cœur de l’autre fillette. Les rubans de lumière brûlaient dans les ténèbres impuissantes à l’éteindre. Lorsque les deux extrémités des fils se touchèrent, il y eut un éclair de lumière pure.

Aveuglée, Laélia plaqua son bras contre son visage. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était debout, tremblante, les deux mains accrochées au rebord rugueux d’une des nombreuses fontaines de Veema, dans l’un des quartiers les plus pauvres. Haletante et terrifiée, elle regarda autour d’elle. Les ombres, les yeux rouges, l’orchidée, tout c’était effacé. En baissant la tête, elle aperçut sur l’eau tremblotante l’image d’un grand arbre aux feuilles noires.

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